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Le commerce extérieur français va mieux, mais n’est pas encore sorti d’affaires

Conjoncture : Les échanges internationaux connaissent actuellement un ralentissement à l’échelle mondiale (tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, Brexit…). Selon vous, quel pourrait être l’impact pour les pays européens et la France notamment ?

Renaud Bentégeat : Le ralentissement économique qui se profile à l’échelle mondiale ne résulte pas trop des tensions commerciales entre Etats-Unis et Chine (qui évoluent d’ailleurs dans tous les sens en fonction de l’humeur des dirigeants de ces deux pays) ni du Brexit, dont on ne peut encore connaître les effets qui dépendront pour l’essentiel des conditions de collaboration du Royaume-Uni avec les autres pays européens, conditions encore à négocier.

C’est plus les conséquences du coronavirus qui sont à craindre. On a constaté d’ores et déjà l’énorme impact du ralentissement de l’économie chinoise sur les échanges internationaux. Aujourd’hui, la plupart des pays sont confrontés à la lutte contre la contagion du virus. Certains secteurs de l’économie sont touchés de plein fouet : transports et tourisme notamment.

Ainsi la France a dû, comme ses voisins européens, revoir à la baisse son taux de croissance pour 2020 et l’OCDE table maintenant, dans le meilleur des cas, sur une croissance de 0,9%. Et il y a fort à parier que la solution pour l’ensemble des pays affectés par cette crise économique, sera de relancer l’économie par des soutiens aux entreprises qui creuseront encore plus un déficit public.

Je ne suis pas devin et ne sais pas quel sera l’impact réel du coronavirus sur les échanges économiques mondiaux, mais il est probable que nous allons vivre en 2020 une crise dont l’ampleur et la durée seront directement dépendant de la rapidité des solutions pour contrer la maladie. Ce n’est pas à cet égard le nombre de morts qu’il faut analyser (relativement faible à l’échelle mondiale), mais l’impact sur le comportement des individus et des entreprises qui est très significatif.

En 2019, le commerce extérieur de la France a affiché de bons résultats après avoir connu trois années difficiles. Selon vous, à quoi est due cette performance et comment peut-on consolider cette tendance dans les années à venir ?

Le commerce extérieur français va mieux mais n’est pas encore sorti d’affaires ! On a pu constater en 2019 une réduction du déficit de la balance commerciale grâce notamment à une hausse des exportations, ce qui est un signe encourageant.

Il nous reste à maintenir ce cap. C’est là que notre organisation, CCI France International, doit pleinement jouer son rôle. Les 124 Chambres de Commerce et d’Industries Française à l’International (CCI FI) que nous fédérons, et qui sont présentes dans 93 pays, ont pour vocation de promouvoir le développement des affaires entre les deux pays et d’accompagner les entreprises de France et les entreprises membres dans leur développement international, à travers une offre de services pragmatiques.
 

Peut-on dresser aujourd’hui un bilan de la Team France Export ? Selon vous, les PME françaises ontelles pris conscience de leurs potentialités à l’international ?

Le bilan de la Team France Export, qui réunit les CCI en France, Business France, Bpifrance et les régions, est encore en demi-teinte en 2019 car ce fut une année de réorganisation en France pour mettre en place les équipes compétentes pour mieux répondre aux attentes des entreprises. Et qui dit réorganisation dit forcément perte d’efficacité le temps de la mise en œuvre des réformes.

La situation aurait dû logiquement s’améliorer en 2020, sans la crise sanitaire qui paralyse l’économie et provoque l’annulation ou le report de nombre d’événements ou d’actions à l’international sur le premier semestre de l’année. Dans une situation normale, nous devons espérer que nos CCI FI recevront de nombreuses demandes d’accompagnement d’entreprises via le canal de la Team France Export. C’est en tout cas le vœu des concepteurs de la réforme et notre intérêt est que celle-ci soit une réussite.

De quelle manière le réseau CCI FI a-t-il accompagné le déploiement de la stratégie du commerce extérieur de la France ?

Ce sont aujourd’hui 48 pays dans lesquels 50 CCI FI sont directement impliquées et vers lesquelles des entreprises françaises seront orientées par les conseillers internationaux de la Team France Export.

6 Concessions de Services Publics – guichets uniques TFE (Belgique, Hongrie, Maroc, Norvège, Philippines, Singapour) ; 3 Marchés Publics de Services (Hong Kong, Japon, Russie) et 41 CCI FI référencées, en substitution ou en complément de Business France.

D’autres référencements sont à venir, dans lesquels les CCI FI auront l’opportunité de se positionner.

C’est donc un nouveau continuum public / privé qui se met en place, associant des opérateurs comme les CCI FI ou des sociétés de conseil, vers lesquels les 250 conseillers internationaux en France (CCI de France et Business France) orienteront directement les entreprises françaises en fonction de leurs besoins. Parmi les acteurs privés, les CCI FI occupent aujourd’hui une place très largement prépondérante et tout à fait visible.

Je suis convaincu que la Team France Export constitue pour le réseau une opportunité de renforcer ses positions et de jouer pleinement son rôle dans le développement des entreprises françaises à l’international, aux côtés des grands opérateurs publics et privés.

Quels sont les challenges qui attendent aujourd’hui les CCI FI ?

Le premier challenge des CCI FI est d’être à la hauteur de la confiance qui nous est accordée par la Team France Export. Comme il vient d’être montré supra, les CCI FI sont de loin le premier bénéficiaire des CSP, des marchés publics de services et des référencements. Mais c’est maintenant que nous devons agir pour montrer aux décideurs français que leur choix était le bon. C’est donc notre professionnalisme et notre compétence qui vont être primordiaux. Engageons-nous à répondre rapidement et correctement aux demandes des entreprises françaises qui exportent, c’est la clé de notre réussite et donc de notre développement futur.

Un autre challenge est de mieux faire participer les administrateurs à la vie de notre communauté. Je suis quelquefois frappé par la distance qui sépare les directeurs et les administrateurs des CCI FI. J’ai vu avec plaisir lors du dernier séminaire des directeurs fin juin 2019, plusieurs administrateurs de CCI France international assister en tout ou, partie au séminaire. Je souhaite que cela se renouvelle en 2020. Mais je souhaite aussi qu’au sein de nos 124 CCI FI, les administrateurs s’impliquent davantage dans la vie des Chambres pour aider les directeurs que ce soit en cherchant de nouveaux membres, en répondant présents aux sollicitations de rencontres d’entreprises, en participant activement aux événements, etc.

Enfin, le dernier challenge, très bien supporté par l’équipe centrale à Paris de CCI FI, est de faciliter la diffusion des bonnes pratiques et des idées nouvelles de développement. Nous sommes riches d’individualités fortes, de savoir-faire innovants et souvent, nous ne pensons pas à en faire profiter les autres. C’est dommage. Tout ne peut pas être dupliqué, mais nous avons tous intérêt à savoir ce qui se fait bien dans telle ou telle organisation pour tenter de l’adapter dans notre contexte local. C’est ainsi que le réseau arrive à avancer sur des activités, services ou marques communes tels que LeBooster, l’offre d’implantation et de développement commercial du réseau, des programmes de mentorat d’entreprises très vertueux (Duo Mentoring), ou encore l’organisation en comités sectoriels qui sont autant de mini-plateformes d’échanges d’information très synergiques pour nos adhérents. Dans un autre domaine, la CFCIM a lancé une démarche originale d’implantation des entreprises, en assurant la logistique générale et en promouvant un véritable lotissement industriel qui est exemplaire et créateur de valeur pour le Maroc. D’autres CCI FI peuvent sûrement s’en inspirer.

Vous étiez dernièrement en visite au Maroc : quel est votre regard sur l’évolution de l’économie marocaine ces dernières années ainsi que les relations entretenues par le pays avec la France ?

Les éléments qui affectent l’économie mondiale, évoqués ci-dessus ne vont pas épargner le Maroc. Aussi, la croissance attendue en 2020 ne sera sans doute que de 2%. Mais beaucoup d’Etats seraient très heureux de pouvoir prétendre à un tel taux de croissance. La France entretient des relations privilégiées avec le Maroc. Sur le plan économique, la France est le premier investisseur étranger au Maroc et le Maroc est de loin la première destination des exportations françaises en Afrique. Les liens entre les deux nations, sur les plans politique, économique et culturels sont très solides.

Le Maroc a la chance de bénéficier d’un régime stable et d’une économie libérale soutenue efficacement par l’Etat. Le tourisme est évidemment un élément-clé d’un pays riche d’une histoire et d’une civilisation exceptionnelles. Mais de nombreux autres secteurs sont prometteurs et se distinguent : le secteur agro bien-sûr, mais aussi le secteur industriel, dans l’automobile, l’aéronautique, les cleantech, que la CFCIM accompagne au quotidien dans son développement, notamment au travers de ses parcs industriels… Mais je vais m’arrêter là car je serais trop partial. Ma femme a vécu toute sa jeunesse à Rabat et mes beaux-parents y sont enterrés. C’est dire que je ne peux être impartial quand je parle de ce magnifique pays si cher à mon cœur.

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Propos recueillis par Nadia Kabbaj

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